Ne nous voilons pas la face

"La sculpture donne de l'âme au marbre."

François-René de Châteaubriand

Bonjour,
Aujourd'hui : "Ne nous voilons pas la face"
Où l’on découvre une statue qui ne laisse personne de marbre.

1752, Naples. Le prince Raimondo di Sangro est catastrophé. Le chantier de sa chapelle s'est brutalement interrompu. Pour quelle raison ?
Tout simplement parce que le sculpteur en charge du décor, le génial Corradini, vient de mourir…

Et il est bien difficile de lui succéder. Le sculpteur était célèbre pour ses statues aux draperies spectaculaires. Il semblait capable de transformer le marbre en voile de soie. Autant dire qu’avec un tel talent, Corradini était très sollicité, notamment par le prince !

Vous n'arrivez pas à voir les images ? Contactez-nous sur jean@artips.fr

Antonio Corradini, Dame Voilée (allégorie de la Pureté), 1717-1725, Musée Ca' Rezzonico, Venise
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À sa demande, l’artiste s’était attaqué à un sujet très ambitieux : représenter un Christ mort grandeur nature, gisant sous un linceul extrêmement fin. Corradini avait juste eu le temps de préparer un modèle en terre avant de s’éteindre…

Antonio Corradini, Christ voilé, 1744, terre cuite, 28 x 58 x 29 cm, Bodemuseum Berlin
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Pour prendre sa suite, le prince fait appel à un jeune sculpteur napolitain, Giuseppe Sanmartino. À lui revient la lourde tâche de traduire dans le marbre le projet du maître.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’en sort très bien !

Giuseppe Sanmartino, Christ voilé, 1753, marbre, 80 × 180 × 50 cm, Chapelle Sansevero, Naples,
photo : museo sansevero
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Sanmartino parvient à suggérer l’incroyable finesse du linceul, qui couvre et révèle en même temps le corps du Christ.
Il est même possible de voir les traces laissées par le martyre, ou les veines affleurant sous sa peau.

La prouesse technique est telle que certains spectateurs, sidérés, en viennent à soupçonner le sculpteur d’avoir triché !
Son linceul serait un véritable tissu, pétrifié grâce à une recette tenue secrète…

Détail de l'œuvre, photo : museo sansevero
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Une théorie farfelue qui n’effleure même pas un autre sculpteur, le grand Canova.
Observant en détail le Christ voilé, il se serait exclamé : "Je donnerai dix ans de ma vie pour être capable de sculpter un tel chef-d’œuvre !"